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  • Auteur/autrice : Luc Cavé

Conférence de Michel Lageois

Saint Jean Bosco, 9 Février 2020

S’il me fallait résumer en deux mots la conférence de Michel LAGEOIS, je choisirais volontiers ceux là : performance et générosité !

Certains d’entre nous connaissaient Michel grâce à son site, et surtout à ses quatre vidéos librement accessibles, bien dénommées « Et si l’on parlait MAGIE ? ».

On savait donc son désir de faire partager sa passion et ses trouvailles, mais on ne s’attendait peut-être pas à une telle profusion d’idées aussi ingénieuses les unes que les autres.

Beaucoup les auraient jalousement gardées ou chèrement vendues ; Michel a choisi de les faire connaître à ses collègues et de rendre ainsi à la Magie tout ce qu’elle a pu lui apporter, à commencer par la convivialité, les rencontres et la joie d’étonner un public.

Michel commence par se présenter, avec humour, comme « un magicien amateur, attardé et illettré » !

Il a en effet commencé plus tardivement que d’autres, à l’âge de 35 ans, en découvrant le spectacle de Jean Ludow dans un cabaret parisien. Il a pu ensuite bénéficier de ses cours, puis de ceux dispensés par Gysin et Gautheron à l’AFAP, du temps où elle siégeait au 163, rue Saint-Honoré.
Contrairement à d’autres aussi, ce n’est pas dans les livres qu’il a le plus appris, mais plutôt dans les cassettes VHS et surtout dans les diverses rencontres lors des réunions, des congrès et des voyages, le plus souvent grâce aux précieux échanges informels « au coin d’une table ».

Enfin « amateur », Michel peut le clamer sans modestie, lui qui aime d’autant plus la magie qu’elle lui a apporté maintes satisfactions, par exemple celle d’être convié, avec son épouse, plus de cent semaines en trente ans au club Méditerranée, sur les cinq continents… Michel nous a expliqué son approche des tours de magie : celle d’avoir le plaisir de se servir de l’existant, « le patrimoine magique », pour essayer de créer, d’innover et si possible de perfectionner ou au moins de personnaliser un effet ou une routine.

Un premier tour avec « The Gift », cette boîte « cadeau » qui a de plus en plus de succès chez les marchands de trucs.

Au début de la routine, on sort un jeu de cartes de la boîte qui est refermée. Le magicien fait défiler les cartes faces en haut et un spectateur l’arrête quand il veut sur une carte (le 10 de Trèfle par exemple). La boîte (fermée) est agitée : on entend le bruit d’un papier à l’intérieur : on ouvre, c’est bien le 10 de Trèfle qui est inscrit sur le papier !

Il y a un forçage astucieux et Michel a amélioré la façon d’actionner le mécanisme de la boîte. Mais l’innovation ne s’arrête pas là !

Il donne une fausse explication suggérée par un spectateur (la possibilité d’avoir le 10 de Trèfle « caché en main », autrement dit empalmé), et pour le déjouer, il renouvelle l’effet avec des cartes jumbo !
Le choix est totalement libre et pourtant un papier correspondant à la carte est de nouveau retrouvé dans la boîte !

Michel poursuit avec un effet de Triple Prédiction, en utilisant un tableau divinatoire (le Mental Epic Slate, ou « ardoise de Mystag »).

  • Première prédiction : celle d’une carte ESP choisie à distance du magicien (1 chance sur 5)
  • Seconde prédiction : le total de trois dés lancés là encore à distance du magicien (1 chance sur 16, puisque le total sera compris entre 3 et 18)
  • Troisième prédiction : une carte librement choisie dans un ruban faces en bas, alors que toutes les cartes ont été montrées préalablement différentes faces en l’air (1 chance sur 52).

Tout cet enchainement est intéressant car il s’agit d’une utilisation subtile de différents principes et gimmicks (le jeu Hyper-ESP ; les dés de Marc Antoine ; le jeu Monte Cristo) associés au principe du décalage mais ici en prenant connaissance des choix cachés jusqu’à la fin.

Michel aborde alors une prodigieuse routine de BOOK-TESTS.

Il faut dire que cet « illettré » possède une bonne bibliothèque de book-tests !

Non seulement il les connait bien, mais il en a conçu un : le « PBF » qu’il présente modestement comme un Petit Book-test Facile, et qui s’intitule « un Petit Bonheur Fragile ».
Certes le format est petit (livre de poche), mais les possibilités sont grandes : trois effets immédiats basés sur des principes mnémotechniques simples ; mais aussi la possibilité d’associer d’autres effets en utilisant de façon croisée (à l’aide d’un « Flashback ») un autre book-test (l’EJO).

Une autre chose est petite : le prix ! Ce qui n’est pas négligeable…

Exemples d’effets :

Un numéro de page est choisi au hasard ; le magicien est capable de se souvenir du premier mot de cette page dans quatre livres différents.
Il va aussi pouvoir « lire mentalement » le dernier mot de la page d’en face, ou encore « visualiser » un mot long qu’il avait d’ailleurs prédit au préalable puisqu’il le retrouve inscrit sur un papier conservé dans une petite boîte fermée à clé, ou bien dans un portefeuille (le « Phantom Wallet » de Vip).
Ce n’est pas tout : Michel semble avoir mémorisé un dictionnaire entier puisqu’il est capable d’indiquer la page, la colonne et la ligne où se trouve un mot choisi dans un livre, par trois fois sans omettre de réciter la définition exacte !
Il parvient aussi, à partir d’un numéro de page choisie, à nous dire le début de la même page du dictionnaire.

A l’issue de cette démonstration, les principaux principes des book-tests ont été exposés :

  • Le Peek and Flashback de Larry Becker
  • Le principe des mots longs de UF Grant
  • Les astuces mnémotechniques
  • D’autres divers trucages :
  • numéros de page similaires
  • livres identiques à couverture différente
  • livres radio
  • livre à jaquette (« a word in a million » de Nicolas Einhorn)
  • etc…

Enfin différents systèmes d’antisèches ont été révélés :

  • Une ardoise truquée (ex : la Mastermind Pro)
  • Une ardoise artisanale avec volet
  • Un quatrième de couverture comportant un résumé où figurent les mots clés
  • Un système de rabat dans un carnet (Patrick Remond)
  • Des inscriptions sur un marqueur
  • Et aussi un procédé créé par Michel à l’aide d’une ardoise Velleda…

Telles sont succinctement résumées les principales informations abordées dans cette conférence.
Beaucoup d’excellentes idées à méditer et à mettre en pratique, étant bien entendu que les effets de book-tests peuvent être présentés de façon partielle.

A ce titre, le « PBF » de Michel Lageois est un excellent outil à utiliser et user sans modération !

Merci à lui de nous avoir ainsi instruits sur le sujet, et bravo pour sa très généreuse prestation !
On peut revoir Michel à une réunion des Collectionneurs ICI !

Premier FESTIVAL MAGIQUE du GOËLO PLOUHA du 12 au 23 février 2020

Par Luc Cavé

Si beaucoup d’entre nous connaissent Morax et Akina, tout le monde ne sait pas que Didier est d’origine bretonne…
Il est même de nouveau « breton à part entière » puisqu’ après avoir compté parmi les fidèles mousquetaires de Christian Fechner en région parisienne, il est revenu au pays depuis bientôt deux ans au bord de la côte du Goëlo, à Plouha précisément, petite ville désormais en voie de devenir un lieu de référence des Arts Magiques.

En effet, avec la passion de collectionneur et d’historien qui l’anime, Didier a organisé un événement qui fait déjà date ! Avec une équipe organisée en une association intitulée « Magic Passion », le « 1 er Festival Magique du Goëlo » a pu se dérouler sous les meilleurs auspices.

Tout a commencé par une couverture médiatique locale efficace, avec le concours des acteurs locaux, notamment celui de la Municipalité, de son maire Philippe Delsol et de l’adjointe à la culture Joëlle Quilin.

Du 12 au 23 février, à la salle de « l’Hermine » et en entrée libre, la population a été invitée à découvrir une superbe exposition intitulée « Le Monde Secret des Illusionnistes » : le dépliant ne manquait pas de faire figurer le grand tableau d’une célébrité de Plouha, le peintre Jean-Louis Hamon, représentant un escamoteur et son public (toile se trouvant au musée des Beaux-Arts de Nantes).

Chacun a ainsi pu admirer les grandes affiches d’illustres magiciens qui font encore rêver ou frémir aussi bien les néophytes que les connaisseurs : Sorcar, Solanis, Teddy Strick, George, Hermann, Al Rex, Harold, Benevol, Mireldo, et tant d’autres…

A portée de vue, dans des vitrines spacieuses et finement disposées, les visiteurs, en particulier les scolaires, ont pu découvrir des ouvrages de référence, des instruments plus ou moins étranges, et des documents initiateurs à l’histoire de la Magie, dominés par les incontournables figures tutélaires de Jean-Eugène Robert-Houdin et de Georges Méliès.

Pour les plus initiés, les informations apportées par Morax, intarissable comme on le sait, étaient à la fois savoureuses et très riches d’enseignement sur la vie des grands artistes et sur l’envers du décor…

Et puis est arrivé le temps de la rencontre des festivaliers, inauguré par un sympathique dîner le vendredi soir au restaurant du Lucôtel à Lanvollon. Peu s’en était fallu que le maître de cérémonie, Morax en personne, fût absent, retenu comme il l’avait été la veille, la nuit et le matin par un début de mise en quarantaine à cause d’un certain coronavirus dont il était heureusement (pour nous !) indemne.

En introduction au repas, une vidéo déjantée: celle du Professeur Albus Globulus que je vous invite à visionner ci dessous :

Entre les plats (et aussi pendant !), quelques numéros de close-up ont été présentés par le brestois Eric Basquin, avec son incroyable talent et son énergie débordante, par le briochin Tino Oudin, tout autant en forme et très efficace, et par votre serviteur, éternel débutant.

Quelques surprises nous attendaient au dessert : Morax nous a présenté les têtes d’affiche du Festival en ressortant des archives de sa vidéothèque des extraits des spectacles de Pierre Spiry, de Yann Brieuc (champion de magie comique à la FISM de La Haye en 1988), de la belle Viviane Mireldo (avec notamment son passage à l’Olympia en 1975), et bien sûr de Marc Métral (au temps de «La Classe » sur FR3)… Autre cadeau : une exceptionnelle vidéo du mythique numéro de Christian Fechner, celui qui lui a fait remporter la FISM de Bruxelles 1979, et cela en présence de notre ami Mykog (Michel Grasland) qui avait obtenu le second prix !

Entracte avec deux beaux effets de mentalisme présentés par Valjemiflo (Jean-Michel Vallette), magicien d’Argenteuil, sélectionné pour participer à l’équipe de France du prochain Championnat du Monde des Arts du Spectacle, fin juillet à Hollywood.

Autre grand moment pour clore le festin (en l’absence de barde) : la projection d’un documentaire passionnant réalisé et présenté par Pascal Friaut, sur le thème des « Magiciens au Cinéma », basé sur un long entretien avec Maurice Saltano, lui aussi inépuisable, et illustré de nombreux extrais de films. En deux mots qui nous sont chers : ce fut une « Soirée Fantastique » !

Le samedi 22 a commencé par un apéritif breton en présence des élus et des amis locaux, suivi d’un repas copieux : il convient à ce propos de préciser que l’intendance et les services ont largement été à la hauteur tout au long de l’évènement !

Morax s’est ensuite fait une joie de faire visiter son exposition en présence d’Anne-Marie Quévrain, arrière-petite-fille de Georges Méliès : elle est descendante d’Eugénie Gérin (première épouse de Méliès, décédée en 1913), mais elle a connu Jehanne d’Alcy (seconde épouse et « première actrice du cinéma mondial », décédée en 1956). Sa mère, Madeleine Malthête-Méliès est l’auteur de la biographie de référence. On a appris que Méliès est venu en vacances du côté de Trébeurden, qu’il a fait une quarantaine de dessins de la côte de granit rose (conservés à la cinémathèque), et que la grand-mère de Morax a probablement transporté Méliès dans les « cars verts » qui sillonnaient la commune !

L’après-midi va justement être consacré à la mémoire de Georges Méliès, d’abord par une conférence- diaporama de Pascal Friaut relatant avec précision et passion la vie du trépidant magicien-cinéaste, puis par la projection de quelques films Méliès présentés par Anne-Marie Quévrain et musicalement illustrés « en live » par Romy, pianiste très talentueuse admirablement inspirée par le sujet. Ce fut un grand moment.

En deuxième partie, nouvelle conférence : celle de Yann Brieuc, toujours aussi drôle dans ses facéties et sérieux dans son travail. Le thème était très professionnel, emprunt d’une grande expérience : « Comment créer, préparer et organiser un spectacle d’illusionnisme ? ». Beaucoup de bonnes
questions à se poser et plein de « petits » trucs du métier à connaître… Une réflexion très utile.

Samedi soir, après une collation bienvenue, c’est le grand Gala, évidemment ouvert au public, avec une salle pleine !
Sur scène vont se succéder Tino Oudin, Pierre Spiry, Marine Métral, et Yann Brieuc, avec Eric Basquin à la présentation. En deuxième partie, place à un Marc Métral « en cavale » dans son nouveau show de ventriloquie. Du grand art pour une représentation que ne seront pas prêts d’oublier les spectateurs !

Dimanche, nous retrouvons Marc Métral, en compagnie de son épouse Viviane Mireldo et de leur fille Marine, pour l’évocation d’une carrière unique en son genre, à la fois exigeante et fantastique, sur les plus grandes scènes (surtout celle du Moulin Rouge), et dans de nombreux pays puisque le numéro de ventriloquie a été maitrisé en plus de six langues !
Nous avons apprécié la modestie, la tranquillité apparente et la maitrise de cet artiste accompli, bien souvent confronté aux diverses tracasseries de la magie animale : toute une vie d’illusionniste qu’il a su nous narrer avec humour et tendresse.

Le spectacle public et familial du Professeur Albus Globulus a joyeusement achevé le week-end.

Après un joli numéro de Marine Métral, tout en musique et en poésie, Eric Basquin a très bien assuré, dans son personnage pas si foldingue qu’il y parait et tout à fait performant en mentalisme divertissant.

On l’aura compris, pour un coup d’essai, le 1 er Festival Magique du Goëlo a été un coup de maître, sans doute aussi un coup de Métral, mais c’est surtout un grand coup de chapeau que méritent tous celles et ceux qui ont œuvré pour la réussite de cet événement qui ne demande qu’à être renouvelé.

Kénavo au Goëlo !